Quels corps sont considérés comme actifs, énergiques et productifs dans notre société ? Qui est perçu comme passif, faible, inactif ? Le philosophe Jean-Paul Sartre partait du principe que l'individu ne se définit qu'à travers ses actions et a donc également façonné une distinction prétendument claire dans la conscience sociale entre activité et passivité. Dans "Une performance est un long fleuve tranquille", Céline Bellut se demande si cette distinction est toujours d'actualité et critique la perspective privilégiée dont elle est issue.

Notre société, son architecture et ses infrastructures n'offrent pas à tous les corps le même accès pour agir librement, pour se déplacer de manière autonome ou pour co-créer notre vie ensemble. Avec une équipe composée de deux danseuses, deux artistes visuels et un compositeur, Céline Bellut interroge ces conditions structurelles de ce qui est considéré comme action active dans une production entre art visuel et performance scénique. 

Le langage de la danse et du mouvement explore le potentiel performatif de l'ennui, de la stagnation du mouvement et des actions non prolifiques en approfondissant différents concepts de passivité et en magnifiant ou en personnalisant leurs résultats physiques dans une chorégraphie autant que dans des actions absurdes ou des pensées communes. De cette façon, "Une performance est un long fleuve tranquille" finit aussi par explorer notre peur existentielle de la passivité, les luttes intérieures pour vouloir être actif, même dans un environnement où ce n'est pas nécessaire, comme dans une performance. Car ne rien faire est généralement la meilleure façon de commencer quelque chose. ​​​